Résumé

Jusqu'au début des années 70, les recherches sur le décrochage scolaire au niveau postsecondaire visaient essentiellement à établir des corrélations entre le profil des étudiants à leur entrée dans l'institution et, d'autre part, leur décrochage. La presque totalité de ces recherches se faisait sans cadre théorique explicite. Les travaux de Spady (1970; 1971) et de Tinto (1975) créèrent un modèle qui servit de fondement théorique à la plupart des recherches ultérieures sur ce problème. Ce modèle s'appuyait essentiellement sur une partie des travaux de Durkheim sur le suicide, particulièrement sur le concept d'intégration. Selon ce modèle, les étudiants intégrés à la vie sociale et intellectuelle de l'institution étaient moins susceptibles de décrochage. Il y eut dès lors un déplacement d'accent pour inclure non seulement les facteurs «généraux» mais aussi les diverses expériences des étudiants admis dans les institutions en question. Les concepts-clés d'intégration sociale et intellectuelle créent l'illusion d'un cadre théorique clair mais ne se rapportent que de façon lointaine à l'idée originale de Durkheim. Nous posons ici que l'on peut établir un point de départ plus sûr en étudiant attentivement les actions des étudiants en fonction du sens que revêtent les éléments de leur vie. Nous recommandons différerentes techniques méthodologiques adaptées à cette entreprise sans pour autant nier l'importance de nombreux indices importants que nous livrent les recherches actuelles ou passées dans ce domaine.